Qu’est-ce qu’on a pu pêcher dans ces écluses ! nous disent Marius et Marcel.
La meilleure était celle de Vire-bouquette. On a ramené des charretées d‘aiguilles. Il y avait plein de seiches On ne les ramassait pas, c’étaient les poissons des malheureux.
L’écluse du Jard était aussi une écluse pêchante :
Le 27 septembre 1947, Germaine se rappelle :
« Nous étions en vendanges. Les pecheurs de l’écluse du Jard sont passés, leurs charrettes remplies de meuils.Ils nous ont lancé des meuils, à la volée, dans la vigne. Ils étaient heureux comme des rois. L’écluse ne pouvait pas se vider tellement les meuils étaient nombreux. Ils bouchaient les couis. Il y eut un va et vient de charrettes pour ramener le poisson au village »
En 1955 : Une semaine avant le mariage de son fils Serge, André Rault a pêché 900 kg de maigres dans l’écluse du Jard. Pour les conserver jusqu’au repas de noces, les poissons furent entreposés dans la chambre froide du boucher M. Ferrero, pas de problème sanitaire en 1955. Les gens n’avaient pas de réfrigérateur et encore moins de congélateur.
Au Grand Nouron
Les 14 et 15 août 1947 Jean Neveur et Eugène Cailleteau avaient pêché 150 touilles (3 tonnes) sur les 600, environ, prisonniers dans l’écluse. Ils n’avaient pas pu tout prendre. À la marée suivante les poissons s’étaient noyés. Ils ont été vendus aux engrais de La Pallice.
Marcel Héraudeau :
Je m‘en souviens très bien, c’était le festival de musique du 15 août 1950 dont Je faisais partie, je n’ai pas pu y aller Julien Rault et moi avions tellement de poissons qu‘il a fallu faire appel au camion de Raymond Neveur; pour les charger sur le bateau de Zélie. Dans la nuit il y a eu un orage du tonnerre de dieu ! ça les a fait tourner Nous les avons transportés à La Pallice. Â l’encan, j’ai entendu : c’est bien dommage, du poisson comme cela, vous aviez 1000 F sur chaque queue. Ils se sont vendus quand même On a gagné 15000 F qu‘ons’est partagés. C’étaient des touilles de 20 à 30 kg chacun. !
Le 9 janvier 1951, il y avait 4 tonnes de meuils Malheureusement il s’agissaitd‘unefaiblemarée. L’écluse ne put assécher complètement et le tour de pêche étant assez court,il en resta au moins le double que le flux remporta. Ils sautaient par dessus le mur à la marée montante. Le lendemain il n’y en avait plus un seul »
Michel se souvient : à 10 ans, il s’est trouvé face à une dizaine de • terres • (raies) énormes, 25 kg chacune. Il les mit aussitôt au sec. Ne pouvant les transporter dans sa « gourbeuille », mille fois trop petite, il est allé chercher son père, à Radia dans sa vigne. C’est avec sa charrette qu’il ramena le poisson.