Les mécanismes nécéssaires au broyage

La roue : à Ars, tous les plans dont nous disposons font état d’une roue tournant horizontalement. Cette roue à aubes en bois faisait 165 cm environ de diamètre et tournait, comme une toupie, sur un axe vertical ou gros fer posé dans une crapaudine en fer et traversant le plafond du caveau pour aller dans la salle de mouture entraîner la meule. Ce type de roue est le seul attesté sur l’île de Ré. Il se trouve aussi au Portugal et très localement au sud de la Bretagne.

Ce mécanisme simple, sans engrenage (rouets et lanternes), nécessaire pour les roues verticales, convenait aussi aux modestes meuniers de l’île. On les appelait aussi « pirouettes » ou « roues à cuillères ».

Maquette de la roue et du bourdonneau
14 Maquette de la roue et du bourdonneau

Les meules

Comme dans l’antiquité, les meules étaient en pierre. Une meule était fixe dite « meule dormante ». Une autre, située au-dessus de la première était mobile « dite mouvante ou courante ». Ces deux meules étaient circulaires et faisaient environ 160 cm de diamètre pour un poids de 1600 kg chacune.

Le gros fer traversait la meule dormante qui était percée d’un trou en son centre et venait soulever la meule courante, également percée au centre par l’intermédiaire d’une pièce métallique, appelée « anille ». La meule courante devait être parfaitement équilibrée sur l’anille pour que la pression sur les grains soit uniformément répartie et produise une farine de qualité. Le meunier disposait, pour effectuer ce délicat réglage de pression, d’un mécanisme appelé tempure fig.16 fait de plusieurs leviers ou bourdonneaux qui soulevaient le gros fer, la roue à aube et la meule courante ; tout cela depuis la salle de mouture.

Du grain à la farine

Le grain était introduit dans le trou au centre de la meule courante et se trouvait coincé entre la meule courante et la meule fixe. La rotation de la meule courante entraînait le grain écrasé vers l’extérieur des meules qui en ressortait sous forme de farine ; pour éviter que la farine ne vole partout dans la pièce, les meules étaient enfermées dans une sorte de boite démontable composée de l’archure et du couvercle.

Pour introduire le grain dans le trou au centre de la meule courante, le meunier déversait son sac dans une boîte en bois tronconique (la trémie) qui, elle-même, se vidait lentement dans une boîte allongée (l’auget) d’où le grain tombait dans le trou (le nombril) au centre de la meule. L’auget était suspendu par quatre cordelettes et était frappé à chaque tour de roue par une petite pièce en bois (le babillard) qui le faisait vibrer et glisser régulièrement le grain vers le nombril. Le babillard, de par son bruit, avertissait le meunier de la bonne vitesse de fonctionnement du moulin et, donc, des réglages qu’il devait effectuer.

Pour récupérer la farine, un trou était réservé dans l’archure, d’où elle tombait dans la boîte à farine avant d’être mise en sac. Toutes sortes de grains pouvaient être utilisées pour les hommes comme pour les animaux : blé, orge, seigle, méteil, avoine, blé noir, etc. 

Maquette de la meule et de la réception des grains.
Geste du meunier pour verser les grains. J.-L Boithias et A. de La Vernhe. Les meuniers du littoral.