Responsable du bon fonctionnement de son moulin ; le meunier, outre la production de farine, devait posséder de multiples compétences qu’il exerçait au fil des heures, de jour comme de nuit, en fonction des marées.

La mouture.

A Ars, les documents précisent que, par maline ordinaire, le réservoir se vidait en 5 heures, ce qui veut dire que pendant ces 5 heures, le meunier pouvait actionner la roue à aubes et par conséquent la meule pour produire de la farine.

Tributaire du calendrier lunaire des marées, le meunier avait un rythme de vie bien particulier, difficile à supporter. Cet inconvénient était toutefois compensé par la possibilité de pouvoir prévoir, à l’avance et en toute certitude, les heures pendant lesquelles il pourrait travailler. Ce qui n’était pas le cas de ses concurrents, moulins à vent, soumis aux caprices du vent.

L’entretien du mécanisme du moulin

Le meunier se faisait bricoleur pour réparer, entre autres, la porte, les pelles, la roue, le plancher du caveau.et tous les ouvrages en bois de son moulin. Il devait graisser régulièrement la crapaudine recevant le gros fer, la roue et la meule courante.

Les gros travaux étaient à la charge du propriétaire qui les confiait à des spécialistes charpentiers ou amoulageurs.

L’entretien de la meule

La meule courante, en pierre, s’usait sur la meule fixe et devait régulièrement être « rhabillée ». L’opération consistait, pour le meunier, à piquer la face inférieure de la meule avec un outil en fer à deux pointes pour lui redonner du mordant. (Kizellou en Bretagne). Pour accéder à cette face de la meule, il fallait la soulever et la dresser verticalement sur la tranche. Cette opération dangereuse, avec une pierre de 1600kg, était réalisée par le meunier au moyen d’un treuil suspendu à la charpente de la salle de mouture, juste au-dessus de la meule. (Pas attesté à Ars)

Maquette du treuil pour lever la meule courante.
Repiquage de la meule courante. Boithias et de la Vernhes.
Outil pour repiquer la meule courante

L‘entretien des ouvrages de la mer

Dans son contrat de fermage, le meunier était aussi tenu à un certain nombre d’obligations concernant le réservoir, les digues, les pises, les chasses, etc.

Les digues : dans l’emprise du moulin, il devait récupérer, à marée basse, les vases et les sables déposés et les rejeter sur le haut de la digue puis bien les compacter. Certaines parties des digues exposées étaient empierrées.

Le réservoir : le meunier devait curer le réservoir pour en maintenir le volume. Il était tenu d’assurer l’étanchéité des digues et des levées ainsi que des prises d’eau qui alimentaient les marais salants voisins. Il devait aussi entretenir les claires à Huitres (haboteaux) qui s’y trouvaient et que le propriétaire du moulin louait à des particuliers

Les mécanismes des moulins de l’île de Ré

Tous les moulins, dont nous avons les plans, étaient équipés de roues à aubes en bois à rotation horizontale, ce qui est une spécificité locale.

Ars : une roue horizontale. Plans détaillés. Démolie en 1880.

Loix : une roue horizontale avec tonne. Plans détaillés. Toujours debout. Sauf le mécanisme.

Le Martrais : pas de plan. Encore visible.

Le Goizil : pas de plan. Disparu.

La Dieppe : disparu. Moulin important avec « deux roues tournantes et virantes » procès-verbal de visite de 1670.

Saint Martin : plan très détaillé de deux roues horizontales avec tonnes (1716). Non réalisé.

Rivedoux : création récente. (1845). Pas de plans. Encore visible.

La Rochelle : deux roues horizontales « dans des caisses ou tonnelles » (tonnes) documents de 1709 de Claude Masse. Disparues.

Sources.

Cadastre dit Napoléonien de 1826 (Archives départementales de la Rochelle).

Plans des travaux maritimes des ports de commerce. Ponts et Chaussées (ArchivesDépartementales de la Rochelle).

Cahiers de la mémoire n°14 de 1984.Les moulins de l’île de Ré par Mr. Pierre Tardy.

Inventaire topographique de l’île de Ré par Mme Agathe Aoustin. 2016. Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire général du patrimoine culturel.

Les moulins à mer et les anciens meuniers du littoral par J.-L. Boithias et A. de La Vernhe.1989

 

Remerciements. Pour leurs conseils et leur aide :

 

Madame Hélène Chastanet.

Madame Maryse et Monsieur Eric Le Gars ;

Madame Agathe Aoustin.

Monsieur Jacques Boucard.

Monsieur Pierre Bot.