Claudie Labat-Magnaval responsable du projet de reconstruction de l’écluse de Foirouse a raconté cette folle aventure dans le tambour 67 paru en décembre 2008

Voilà maintenant un peu plus de 10 ans que l’aventure a commencé. Je suis attaché depuis toute petite à la pêche à l’estran, à la pêche à pied et à la pose de filets. Ne cherchez pas d’où cela vient, je suis un peu comme Obélix, je suis tombé dedans avant même de savoir marcher. Ma mère, fervente pêcheuse m’a tout inculqué : l’amour de la pêche associé au respect de l’environnement.

Aussi en 1997, éducatrice aux Brises Marines, lorsque notre directeur de l’époque, monsieur Letheux, nous a proposé et même incité à avoir des projets fous, j’ai suggéré, dès la rentrée de septembre de rénover une écluse à poissons. Tout de suite mes collègues m’ont suivie et par la suite le projet s’est transformé en projet institutionnel englobant l’éducatif, le pédagogique et le thérapeutique.

La trame était posée, le plus gros restait à faire … J’ai pris contact avec l’ADEPIR (Association de défense des Ecluses à Poissons de l’Île de Ré) ; Lucien Joubert, son président, m’a soutenue, aidée, accompagnée, car l’idée était bonne et totalement imbriquée dans la philosophie de l’association. Mais les contraintes administratives allaient s’avérer difficiles. Il a fallu faire un dossier auprès de la Mairie, de la DDE, et surtout des Affaires Maritimes. Nous avons aussi rencontré Monsieur Crépeau dans son bureau à la Mairie de La Rochelle. Son appui s’est avéré sans conteste bénéfique. Le projet était basé à Motronne, car l’institut des Brises Marines avait (encore) un terrain sur un lieu mythique (qui aujourd’hui ressemble à un bunker à moustiques).

Malheureusement, une fois le dossier bouclé, la sentence est tombée : « Le projet est bien, il offre l’intérêt pour la protection de la côte, mais il est refusé car il ne dépend pas de la zone identifiée par les Affaires Maritimes de captage naturel d’huitres ».

Ce n’est que partie remise, les Bretons ont la réputation d’être têtus, mais les Rétais alors … vont-ils baisser les bras ?  Du tout, on repart, prenant bien soin de rentrer dans les clous, non pardon, dans les pierres ! et le projet se finalise sur Foirouse.

Fabien Tollut, ostréiculteur, accepte de prendre la concession en tant que professionnel. En effet, on retrouve sur le site les traces emblématiques de l’ancienne écluse. De nouveau le dossier se prépare et la décision finale d’autorisation de rénovation de l’écluse, tant attendue, tombe en aout 1999. Nous relançons donc la population, des réunions sont mises en place, mais la longueur des procédures a été dissuasive pour beaucoup et seules quelques personnes restent en lice. Malheureusement, la tempête du 27 décembre 1999 sévit et l’écluse de la Moufette en prend un sacré coup. Une équipe dynamique et courageuse est à l’ouvrage et tout naturellement, il nous apparait évident d’aller lui donner un coup de main avant de commencer notre propre écluse.

Novices au départ, nous nous sommes formés sur le tas. Jacques Enet, entre autres, présent régulièrement, nous a montré les gestes ancestraux et nous nous sommes appliqués à les reproduire, faisant fi du mal de dos, des ampoules, du froid et du vent de cet hiver 2000. L’ambiance, la complicité des uns et des autres, la joie d’accomplir un si bel ouvrage décuplèrent notre détermination, et le chantier de Foirouse débuta le 18 mars 2000. Chacun a pu constater au fil des ans l’avancée plus ou moins rapide du mur. Des moments de découragement, il y en a eu, certes … mais quelques jours après, la motivation reprenait le dessus, et rien que pour tordre le cou aux détracteurs, nous interpellant parfois (« vous n’y arriverez jamais, c’est fini ces choses-là ») nous sommes allés de l’avant.

Son inauguration a eu lieu le 21 juin 2008. Il nous reste quelques dizaines de mètres pour rejoindre l’épi et terminer le fer à cheval si représentatif d’une écluse à poissons et … nous sabrerons le champagne ! Déjà le plaisir est présent. Quelle joie d’admirer le sourire des enfants des Brises Marines qui nous accompagnent pendant ce merveilleux défi ! Quel bonheur les voir pécher la nuit, ramenant les seiches et les orphies au moment de Pâques, et de les regarder les déguster autour du feu préparé au Martay pendant nos périples de camping !

Notre seul regret ? Dans cette merveilleuse épopée, Foirouse se termine presque en même temps que les Brises Marines.

Un grand merci à tous, enfants, adhérents de l’ADEPIR, bénévoles ainsi qu’à Jean-Jacques et Christine, fidèles piliers de l’équipe, qui ont participé à cette magnifique aventure, qui vont au bout des choses. Quelle belle leçon !!!

Sur cette photo prise en 2006 le mur est de l'écluse est bien visible