Dans l’existence, on ne peut présager de rien, surtout pas du sens de sa vie.. du chemin que l’on suit, où il nous mènera… L’important est de trouver sa voie… Grégoire Delebecque, jeune vannier installé à Ars en Ré, est, sans doute, un bon exemple en la matière, une matière qui donne sens à sa vie : l’osier !

Nous pouvons dire, sans aucune gêne, que Grégoire, 40 ans et créateur d’OSE’Ré, (re)vient de loin…

Loin par l’origine… Né à Paris, il a longtemps vécu à Nantes et puis à La Rochelle.

 Je viens dans l’île depuis que je suis petit chez mes grands-parents à La Flotte. J’ai commencé à travailler à Ars, il y a une quinzaine d’années J’ai trouvé une petite location à l’année chez Annette et Gérard Guilbon qui m’ont accueilli !

Loin par le parcours :

Je suis mécano de formation et j’ai eu divers emplois dans des métiers « salissants », polluants pour le corps et la santé… Je n’avais pas envie de continuer par là.. ni de travailler en ville…

Loin, parce qu’il y a eu l’accident. En 2010, en moto, Grégoire se fait renverser. Cela lui vaut un handicap de la jambe gauche …déterminant pour la suite : 

Après mon accident, il a fallu que j’envisage une reconversion professionnelle. J’ai fait des stages, j’ai cherché quel type de boulot plus sédentaire et moins physique pourrait me convenir. Ça m’a pris quelques années, des échecs, des gros doutes… Au bout de 7 ans, j’ai fait un stage de pré-orientation au Centre de Réadaptation Professionnelle pour les gens handicapés. Cela m’a permis de reprendre confiance en moi, tout en cherchant un nouveau métier, comme un bilan avant la vie d’après…

Grégoire, lui, découvre la vannerie et sa vie change :

on est assis la majeure partie du temps, on est son propre patron à bord, on peut toujours s’améliorer…La douceur de l’osier et le silence du travail… Il part sur les routes, traverse la France, multiplie les rencontres, les stages et tout se révèle : ce sera ça ! Quand j’ai découvert qu’avec quelques brins de bois et 3 outils et demi, on peut faire des choses magnifiques,… oui… je suis tombé amoureux du métier ! Tout de suite, j’ai compris comment placer mes mains…Il m’a fallu 2 ou 3 séjours chez un vannier pour être sûr que je voulais faire ça…

Du coup, tout devient évident : 

J’ai obtenu mon CAP de vannerie (major de promo !) à l’Ecole Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot en 2018. OSE’Ré est créée l’année suivante. 

Grégoire est convaincu qu’il peut vivre de son activité à Ars (tout à côté de la mer) :

il y a un marché … les gens recherchent de plus en plus le durable, le vrai, le naturel… En plus, Annette et Gérard m’ont permis de me faire un petit bout d’atelier dans leur garage (Merci à eux !).

Depuis, Grégoire fabrique des paniers à vélo pour David et Carole de Ballades et vous, il vanne (i.e : tresse) l’habillage d’osier des dames-jeanne pour la maison Hennessy, tresse un joli panier pour deux chats… Grégoire se fait doucement connaître, cogite à la réparation de la gourbeuille d’un ami …

Je vends mes paniers, j’en fabrique sur demande mais il y a un autre aspect de notre métier, qui tombe sous le sens : réparer d’anciennes pièces (1), … Pour ça, j’irai voir l’association des vanniers d’Ars… nous pourrons échanger sur nos savoirs qui sont complémentaires! Je pratique une vannerie académique : je travaille l’osier écorcé ou brut, mais je suis curieux de tout le savoir local!

Faut-il préciser que vannier, métier d’art ou d’artisanat, s’acquiert en plusieurs années :

tous les vanniers que j’ai rencontrés le disent… il faut environ 7 ans pour être un vannier accompli ! Moi, je n’ai qu’un an et demi, je sais où j’en suis et j’avance à mon rythme… Aujourd’hui, je mets 8h pour faire une dame-jeanne alors que mon maître de stage met 4h !

constate  Grégoire avec une certaine humilité…

Une route qui continue comme un brin d’osier rebourgeonne au printemps…

Texte et photos :Michèle Jean-Bart

(1) gourbeuilles et autres manoques NDLR

Contact : Grégoire Delebecque

9bis rue du Grignon 17590 Ars

06 38 53 31 48 / @ gregoire.delebecque@free.fr