L’exposition « ex-voto » : plus qu’un évènement, un élan

L’ « ex -voto[1] « tenait la vedette de l’exposition-vente promue par la nouvelle municipalité au bénéfice de la restauration de l’église Saint-Etienne et accompagnée cette année par l’association des amis de l’église d’Ars-en-Ré. Un « ex-voto « , c’est d’abord un acte qui exprime la reconnaissance d’une personne à l’égard de la Providence qui aura permis d’éviter un drame ou de faire advenir une fin heureuse. Un objet symbolique devient ensuite le signe durable de cette gratitude, objet d’art souvent , mais aussi simple plaque votive et dans les églises de nos côtes, maquettes soignées jusque dans les plus humbles détails. On n’invoque plus de nos jours la Providence. Pour autant la démarche de l’ex-voto touche au cœur de notre actualité. N’est-elle pas marquée par des menaces et des risques qui mettent en lumière une vulnérabilité commune et simultanément notre dépendance à l’égard d’évènements dont l’issue en partie nous échappe? L’art est alors un moyen de donner forme au vœu que la conjugaison de nos volontés et de nos solidarités ouvrira la voie à cette issue et d’exprimer notre reconnaissance pour ce qui, du monde qui nous précède, a été sauvé.

Assumer cette vulnérabilité, exprimer ce vœu et cette reconnaissance en lien avec l’église, tel était bien le fil conducteur proposé par Valérie Solvit, irrésistible commissaire de l’exposition. Plus d’une soixantaine d’artistes et de personnalités avaient répondu à son appel.[2] Les peintres étaient les plus nombreux. Parmi eux de très grandes signatures comme celles de Pierre Wiaz, Richard Texier, Eva Jospin, Cyril Vassiliev, Olivier Suire, Cante Pacos, Katherine Margaritis, Fabrice Hyber, France Bizot à côté d’autres moins célèbres mais inspirées telles celles de Canard, Rodolphe Coré, Laurence Jean-Bart, Vincent Brun ou Philippe Cottard, voire celle d’amateurs dont certains se risquaient pour la première fois aux feux de la critique publique. Aux peintres se joignaient cette année des photographes tels Jean Baptiste Dumont, Gabriel-Axel Soussan, Christophe Ducharme, Olivier Gouzou, Samuel Pinon. Et l’on pouvait aussi reconnaître parmi les cimaises, prestigieux mais personnels les témoignages de Sylviane Agacinsky, Julia Kristeva, Jean-Claude Casadesus et même celui d’un académicien voyageur, François Sureau. Cet ensemble extraordinaire dans sa diversité, surprenait cependant par l’unité d’émotion qui s’en dégageait, comme si toutes ses œuvres avaient été prises dans l’unique élan de l’ex-voto.

Il régnait donc sur cette seconde édition d’une exposition-vente destinée à recueillir des fonds au bénéfice de la restauration de l’église d’Ars via la Fondation du patrimoine, une atmosphère joyeuse. C’était le sentiment des artistes qui avaient fait don de leurs œuvres. Ce fut certainement aussi celui d’Yvonne Couturier, animatrice de l’équipe des bénévoles accueillant les visiteurs. C’était aussi de la joie qu’exprimaient Madame le Maire et l’adjoint à la culture Jérôme Dumoulin qui se seront investis avec une rare énergie, aplanissant tous les obstacles pour que l’exposition soit un succès. C’était encore la joie des visiteurs et acheteurs, souvent émus par la force des œuvres présentes qu’un catalogue exceptionnel est parvenu à restituer[3].

L’une de ces œuvres due à Olivier Suire, une toile magnifique représentant un navire à l’ancienne pris dans la tempête et offert à la vue des survivants de cette épreuve, ne rejoindra pas une demeure privée. Elle attend sagement dans la chapelle des marins dite aussi chapelle Saint Pierre ou encore chapelle du Sacré cœur le moment de son inauguration, espéré pour le temps de Noël. Ce sera l’ultime pointe de cet élan où pourront se rejoindre tous ceux qui l’ont porté. Le tableau, fruit d’une souscription à laquelle les visiteurs étaient tous invités à participer, rejoindra les ex-votos présents de longue date dans l’église. Situation rare que celle d’une œuvre résolument moderne qui voisinera avec des témoignages beaucoup plus anciens de la piété populaire. La preuve sera faite que chaque époque, la nôtre comprise peut avec la sensibilité qui lui est propre, rejoindre l’immuable : le sens de la beauté, de l’espoir et de la gratitude.

Jérôme Vignon, Président de l’association des amis de l‘église d’Ars-en-Ré

Les photos sont d’Yvonne Couturier

(1) Du latin « ex-voto » , qui désigne un objet offert et manifesté en accomplissement d’un vœu

(2) L’exposition s’est tenue en août 2020 simultanément au CNAR sur le port et au presbytère rue du Havre.

(3) On peut encore se procurer le catalogue auprès de Geneviève Palvadeau.