Un descendant de Jean-Pierre Sourget nous a confié les courriers envoyés par son aïeul à son épouse pendant l’épidémie.
Qui était Jean-Pierre Sourget ?
Jean-Pierre Sourget était né à Ars-en-Ré le 16 octobre 1776. Il était fils de Jean Sourget, boulanger, né à Saint-Jean de Noxillac (Garonne), décédé à Ars le 26 août 1830 à l’âge de 83 ans. Il était donc né en 1747. Il avait épousé Rose Jouneau qui est morte à Ars avant lui.
Jean-Pierre Sourget devait avoir un frère puisqu’il signe toujours « Sourget aîné », il avait au moins deux sœurs.
Une avait épousé Louis-Joseph Button (propriétaire), né en 1777. L’autre, Pierre Cieutat (marchand de draps) né en 1786. Tous deux habitaient Ars.
Jean-Pierre Sourget a épousé Marie-Adélaide Trimouille (née à La Rochelle le 16 avril 1778) à La Rochelle le 10 novembre 1807 « agissant, bien que majeur, du consentement de son père et de sa mère qui étaient présents ». Il avait 31 ans et sa femme 29. L’acte le dis « commis de négociant », peut-être de son père?
Il parait avoir été très actif. Un acte du ministère de l’intérieur signé à Paris le 19 août 1813 le nomme « Lieutenant de la Compagnie des Grenadiers de la 1ère Cohorte urbaine de l’île de Ré », un autre document du Commandant de la Garde d´Honneur de La Rochelle, en date du 11 juillet 1814, le désigne comme « Garde d’Honneur de Son Altesse Royale le Monseigneur Duc d’Angoulême l’île de Ré ». Enfin il a été de longues années maire d’Ars, précédant en cette charge son beau-frère Button.
Son permis de chasse daté du 4 octobre 1833 à La Rochelle (moins d’un an avant sa mort) donne de lui une description très précise:
- Taille: 1 mètre 68 centimètres
- Cheveux noirs
- Front ordinaire
- Sourcilles noirs
- Yeux roux
- Nez long
- Bouche moyenne
- Barbe noire
- Menton long
- Visage ovale
- Teint coloré
Signe particulier: Borgne de l’œil droit et petite vérole.
Jean-Pierre Sourget est mort à Ars le 30 septembre 1834, deux jours par conséquent, après sa dernière lettre. Sa fin fut foudroyante. Une lettre de Mr Chemin qui fut curé d’Ars de 1821 à 1850 (cf notes familiales 1940, page 14) adressée à Angoulême le 24 novembre 1834 déclare «il est mort dans les meilleures dispositions, le mal a été si foudroyant qu’il n’a pu faire tout ce qu’il désirait… ». La tradition Rivaud, transmise par Hélène Laine et qui est en général assez exacte (cf notes citées page 19) déclare « il s’apprêtait à partir. Son cheval tout prêt l’attendait quand il fut terrassé par le choléra ». On peut remarquer à son sujet que jamais dans ses lettres il ne parle de son cheval et que sa mort subite peut fort bien n’être pas due au choléra.
Toutes ces lettres adressées à La Rochelle le sont au nom de Madame Sourget chez Mademoiselle Barbeau, rue du Chef-de-Ville. Jamais non plus il n’est question de Melanie, chez qui normalement sa sœur aurait dû trouver asile. Jamais dans ses lettres Jean-Pierre ne fait mention de cette demoiselle Barbeau. Peut-être tenait elle une pension de famille.
On note l’insistance avec laquelle Jean-Pierre Sourget recommande à sa femme de ne pas rentrer trop tôt à Ars. Sans doute se méfiait-il de son caractère impulsif et indépendant. Sans doute aussi, c’était la tradition Rivaud, ni la veuve ni Adèle Sourget n’ont elles pu assister à l’enterrement. Madame Sourget n’a dû rentrer à Ars que quelques mois plus tard. La lettre du curé d’Ars déjà citée s’adresse à elle le 24 novembre comme ne l’ayant pas revue depuis le décès.
La même tradition Rivaud rapportait que le nombre et la presse des ensevelissements était tel que Madame Sourget rentrant à Ars ne sût pas où était le corps de son mari et que ce fut le chien du défunt qui en ait fait retrouver l’emplacement.
Notons enfin pour conclure une remarque de Monsieur Chemin (même date 24 9 ère 1834) « Le choléra a entièrement disparu. Il nous laisse hélas le cruel 400 et quelques victimes à pleurer. Nous comptons déjà plus de 500 morts. Nos malades se rétablissent peu à peu et notre état sanitaire est satisfaisant… ».