William vers 1896

Dessinateur, graveur, peintre, anarchiste,  portraitiste de la caste dirigeante,  William Barbotin fut tout cela simultanément ou successivement mais il était avant tout Casseron, fier de ses origines qu’il n’a jamais reniées même au faite de sa gloire . De ce bout d’île qui a vu tant de grands talents émerger (de Gaston Roulet, peintre officiel de la marine né à Ars en 1847 à Octave Patureau dit Tatave, en passant par les frères Giraudeau et Raymond Enard), il est certainement le plus important.

Il est né à Ars le 25 aout 1861, fils de Joseph, modeste marin et de Marie Céleste Bernard, femme des champs dont le père avait participé au tour de monde de Dumont d’Urville sur l’Astrolabe. Ce grand-père François Bernard avait sauvé 21 de ses camarades lors du naufrage de la corvette Cornaline sur les côtes d’Espagne le 2 février 1822, sauvetage qui lui a valu les félicitations de Louis XVIII et une médaille d’argent du ministre de la marine.

Rêvant d’intégrer l’École Normale primaire, il se retrouve 11eme sur la liste des candidats, seuls les 10 premiers sont reçus. Heureusement, il fut repêché par le préfet, venu présidé le conseil de révision , qui impressionné  par ses compositions murales  dessinées sur les murs du village le signale à William Bouguereau, peintre rochelais  qui lui permet d’intégrer dans un premier temps l’école de dessin de La Rochelle puis d’être nommé instituteur suppléant à Paris où il débarque du haut de ses 19 ans un beau matin de novembre 1880. Un compatriote boulanger lui loue une chambre misérable boulevard Saint-Michel au dessus du bal Bullier. Il remplace les instituteurs titulaires quand on lui demande et étudie son art à l’Académie Julian tout en continuant de fréquenter l’atelier de Bouguereau. 

Suite à une commande de l’éditeur Baschet pour lequel il exécute des dessins à la plume illustrant un ouvrage sur Bouguereau, ce dernier l’incite à se lancer dans la gravure, ce qu’il fait si bien qu’en 1883, il remporte de premier de Rome et gagne un séjour de deux ans à la villa Médicis pendant lesquelles il fait un séjour de 4 mois à Capri. Il revient en passant par la Suisse, y rencontre Élisée Reclus , géographe et anarchiste dont il épouse (à la mode anarchiste c’est à dire en union libre) la fille adoptive , Sophie-Camille  Gueriteau et également les idées. Il fréquente alors les milieux anarchistes, Proudhon, Bakounine, Pierre Kropotkine, Carlo Cafiero, Pierre Leroux, Auguste Comte dont il réalise les portraits. Il écrit dans les revues La Révolte et Les temps nouveaux.

 
La tribu en pique nique

En  1890 il achète la villa des Tilleuls à Ars où il accueillera ces amis ,anarchistes ,comme casserons tous les étés. Jamais, il n’a oublié ses anciens copains d’enfance, comme le prouvent les courriers  ci-contre.

En 1903 il crée le musée d’histoire régionale inauguré par Émile Combe,président du conseil  au phare des baleines.

Avec l’arrivée du succès, les convictions anarchistes de William Barbotin s’amenuisent. La république Bourgeoise lui confiera la reproduction d’œuvres d’Henri Gervex , tableaux exposés au Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la ville de Paris.

Le 15 mai 1901 il se marie à la mairie du XIV eme arrondissement de Paris avec Sophie puis reçoit la légion d’honneur en 1903, enfin en 1904 il est nommé Inspecteur de l’enseignement pour l’arrondissement de Sceaux. Des coups terribles pour Elisée Reclus.

il aura deux filles , Carmen et Denise.

 
Il est mort à Paris le 12 novembre 1931 et est enterré au cimetière de Gentilly.
Le musée des baleines